Hello à vous, amis assidus des calories !
Cela fait une éternité que je n’ai rien publié… sorry sorry sorry !
Aujourd’hui, je vous propose de parler un peu de ces fameuses piqûres qui font maigrir!
Ozempic, Rybelsus, Saxenda, Mounjaro…

Les médias se donnent régulièrement à coeur joie de critiquer ces méchants « régimeurs » qui « volent » leur médicament aux diabétiques.
En tant que diététicienne travaillant en centre multidisciplinaire de l’obésité, je suis confrontée quotidiennement à bon nombre de patients bénéficiant de ces traitements.
Alors je me suis quand même permise de faire un petit article pour un peu remettre les points sur les i.
Kesako exactement ?
Alors ces médicaments existent depuis quelques années maintenant, mais connaissent un réel « boom » tellement ils sont intéressants.
Ces substances ont d’ailleurs été reconnues comme molécules de l’année 2023 par le journal Science.
Cette catégorie de médicament est composée de ce que l’on appelle des analogues d’incrétines.
Inspiré d’une molécule naturelle
Les incrétines sont des hormones sécrétées par le tube digestif lors de la prise d’un repas. On en produit donc tout à fait naturellement. Elles stimulent la sécrétion d’insuline au niveau du pancréas lorsque la glycémie est trop élevée, mais sans risque d’hypoglycémie. Elles ralentissent également la vidange gastrique.
On peut dire qu’il y a deux types d’incrétines: celles qui jouent sur le pancréas (les a-glp1) et celles qui jouent sur l’estomac (a-gip).
Quelqu’un qui produit suffisamment de ces incrétines aura plus de facilité à maintenir son poids, car il n’aura pas beaucoup faim. En contrepartie, chez les diabétiques, notamment, la production d’incrétine (aglp1) est diminuée.

Depuis quelques années, des molécules synthétiques sont arrivées sur le marché, qui vont se fixer sur les mêmes récepteurs que nos incrétines naturelles.
Certaines de ces molécules ont été étudiées spécifiquement pour le diabète (ex le sémaglutide, commercialisé sous nom d’Ozempic), d’autres pour la perte de poids (ex le liraglutide, commercialisé sous nom de Saxenda).
En Belgique, que trouve-t-on ?
Les incrétines disponibles sur le marché belge sont (excusez-moi, chers médecins, si j’en ai oubliées…)
- Sémaglutide (agoniste GLP1) : Ozempic, Rybelsus (bientôt ? Wegovy)
- Liraglutide (agoniste GLP1): Saxenda, Victoza
- Tirzepatide (double agoniste GLP1 et GIP) : Mounjaro
- Dulaglutide (agoniste GLP1) : Trulicity
Parmi ceux-ci le seul étudié officiellement pour la perte de poids est le Saxenda. Les autres sont des traitements initialement prévus pour les diabétiques.
Ces molécules se présentent, à l’exception de Rybelsus (qui est un comprimé oral), sous forme de stylo injecteur sous-cutané.
Qui peut en bénéficier ?
A moins de vivre sur Mars, vous avez compris que ces molécules, c’est à priori pas fort apprécié de les voler aux diabétiques. Ce que je peux totalement comprendre !
Au fait, Ozempic a été vraiment victime de son succès. Des nanas avec quelques petits kilos à perdre se sont mises à supplier leur médecin traitant de leur en prescrire, les réseaux sociaux ont explosé de posts vantant des pertes de poids miraculeuses…
Et arriva ce qui devait arriver : la pénurie! Forcément les pouvoirs publics ont dû prendre une décision. Ils ont donc donné priorité aux patients diabétiques… normal.
Mais, parallèlement, ce qui personnellement m’agace, c’est que dans nos pays, il faut donc attendre que les gens soient tellement malades de leur syndrome métabolique lié à l’obésité, que l’on attend qu’ils soient atteints de diabète pour autoriser leur traitement…
Mais bon je prêche pour ma boutique, me direz-vous.
Pour les diabétiques et …
Alors, la loi est régulièrement mise à jour, donc aujourd’hui voilà où on en est (source AFMPS):
Ozempic, Mounjaro, Rybelsus, Trulicity, Bydureon, Victoza :
ok pour les diabétiques de type II.
En outre, ces médicaments peuvent également être prescrits dans les cas suivants :
-
- les patients en surpoids dont l’IMC (indice de masse corporelle) est supérieur ou égal à 35 kg/m² dans la mesure où la première prescription (la prescription initiale) est prescrite par un médecin spécialiste en endocrinologie dans le cadre d’une approche multidisciplinaire ;
- les patients en surpoids dont l’IMC est supérieur ou égal à 30 kg/m² et qui présentent au moins une comorbidité liée au poids, dans la mesure où la première prescription (la prescription initiale) est prescrite par un médecin spécialiste en endocrinologie dans le cadre d’une approche multidisciplinaire ;
- les patients actuellement traités par des analogues du GLP-1 pour l’indication obésité et qui remplissaient les conditions ci-dessus au début de leur traitement ;
- les patients prenant ces médicaments dans le cadre d’un essai clinique.
Saxenda
Il est Ok pour les non diabétiques… C’est » l’officiel » de la perte de poids.
Par contre, comme il faut se piquer tous les jours et qu’il est plus cher (250 euros) que l’Ozempic (100 euros env), on a vite compris pourquoi personne ne le connait, celui-là…
Est-ce dangereux ?
Alors, je ne suis pas toubib, mais travaille en centre d’obésité d’un hôpital universitaire, où énormément de nos patients sont sous ce type de traitement depuis quelques années. On peut donc dire qu’on a déjà un peu de recul…
Les principaux effets secondaires de ce type de molécule sont d’ordre digestifs : nausées, vomissements possibles, perturbations du transit intestinal. Ces effets s’atténuent avec le temps.
Comme dans beaucoup de pertes de poids, il y a un petit risque accru de calculs à la vésicule biliaire et de pancréatite (raison pour laquelle on doit se faire suivre par des médecins qualifiés…).
Pour tous les autres posts hystériques concernant le cancer, il n’y a pas assez de recul pour faire de telles affirmations. Mais bon, Google vit de la crainte des gens… Sans vouloir être cynique, être en obésité augmente aussi le risque de plein de cancers…
Et la diététique dans tout ça ?
Alors, il y a pas de baguette magique, malheureusement…
Ces médicaments ne fonctionnent pas si vous ne changez pas vos habitudes de vie. Sinon, c’est rebond de poids assuré après l’arrêt du traitement !
Normalement, il faudrait, s’il fonctionne pour vous, le prendre à vie, car tôt ou tard, vos cellules graisseuses voudront à nouveau se remplir de plus belle. L’obésité reste une maladie chronique.
Les études montrent que l’efficacité des traitements et la limitation de la perte de masse musculaire doivent faire suivre aux patients les mêmes recommandations qu’en cas de chirurgie bariatrique.

Lutter contre la fonte musculaire
Le danger de ce genre de médicament, c’est que parfois il marche trop bien ! Les patients n’ont pas faim, donc ne mangent pas… du tout … ou en tout cas pas assez ! Résultat: perte de masse musculaire !!!
Ceci n’est pas génial, quand on sait que c’est dans les muscles qu’on brûle l’énergie… donc si on a moins de masse musculaire, on brûle moins bien son macdo, et on fait un beau yoyo par la suite. Pas une bonne idée…
Si vous bénéficiez de ce traitement, vous comprendrez donc qu’il faut maintenir une structure de repas régulière, même en l’absence de faim (au moins 3 prises alimentaires par jour). Et à chaque prise alimentaire, il faut veiller à fournir des protéines à notre corps. C’est d’ailleurs le seul aliment qu’il faudra manger si vous n’avez vraiment pas faim (ex un morceau de fromage, un yaourt, un oeuf cuit dur)…
Egalement pour lutter contre cette fonte musculaire, faites bien de l’exercice physique régulier ! Devenez quelqu’un de sportif, c’est-à-dire apprenez à aimer mettre votre corps en mouvement!
Soutenir notre tube digestif
Les analogues GLP1 ont un effet sur le tube digestif: nausées, constipation ou diarrhée.
En cas de nausées, il est important de manger des petits repas légers (pas trop gras) et d’éviter les boissons gazeuses. Une petite promenade après le repas peu aussi aider.
En cas de constipation, toujours appliquer la règle des 3 : fibres/ liquide/ mouvement ! Il faut donc stimuler la consommation de légumes (au moins 300 g par jour), de fruits (maximum 250g par jour, et pas de jus ou smoothie car cela apporte une trop grosse charge de sucres) et de céréales complètes. Le tout sera arrosé d’au moins 1,5 litres d’eau et n’oubliez pas de bouger.
Supplémenter en vitamines
Dès que l’on réduit les apports alimentaires, il est inévitable de manquer de vitamines ou minéraux. Les spécialistes préconisent une supplémentation multivitaminique complète aux personnes sous traitement incrétine-analogue.
Conclusion
Pour conclure, vous aurez compris que je ne suis pas contraire à ce genre de traitement. Prescrit de façon intelligente par un médecin qui suit correctement ses patients dans la problématique de perte de poids, cela peut être le coup de boost nécessaire aux patients ayant réellement tout essayé.
Il faut néanmoins rester dans le cadre de la loi (BMI, comorbidités) et de la déontologie : normalement un patient ne devrait pas recevoir son ordonnance s’il n’a pas fait preuve d’avoir vraiment changé ses habitudes de vie !
Ainsi, si vous bénéficiez de ce type de traitement, n’oubliez pas que ce ne sont pas des bonbons. Faites-vous toujours suivre correctement, par des gens compétents.
Ainsi, une mesure régulière par bioimpédance permet de voir l’évolution de votre masse grasse et musculaire. Des prises de sang permettent de déceler d’éventuelles carences ou anomalies des enzymes pancréatiques.
Je suis à votre disposition si vous désirez un accompagnement de votre perte de poids.