FOCUS REGIME : la chirurgie bariatrique

Hello à vous, amis assidus des calories !

Aujourd’hui, je voulais vous parler d’une aide adoptée de plus en plus souvent par des personnes souffrant d’obésité : La chirurgie bariatrique !

Il y a quelques années, on ne parlait que d’anneaux gastriques comme ultime arme contre ces kilos qui s’accumulent. Aujourd’hui, le nr 1 incontesté du hit parade de l’aide chirurgicale est le bypass gastrique.

Dans notre pays où 1 personne sur 7 souffre d’obésité, je vous propose donc ce petit tour d’horizon de la question…

La chirurgie bariatrique

Vous avez certainement déjà vu passer ces émissions de téléréalité retraçant le parcours pré et post op de personnes souffrant de leurs kilos excédentaires.

chirurgie bariatrique obésité

Car oui, si la chirurgie bariatrique est objet de divertissement pour certains, il ne faut pas oublier que c’est souvent le dernier espoir pour de nombreuses personnes désespérées face à la dictature de leur balance.

Kesako ?

On distingue actuellement deux grands types de chirurgie bariatrique : le bypass gastrique et la sleeve gastrectomie.

chirurgie bariatrique techniques

Le bypass

Pratiqué depuis plus de 20 ans, le bypass consiste à couper l’estomac en deux : une petite poche de 30 ml servant à recevoir les aliments, le reste de l’estomac servant uniquement à produire des sucs gastriques. Ensuite, on coupe l’intestin grêle et on fait remonter une anse de celle-ci pour qu’elle rejoigne la petite poche gastrique.

Ainsi, les aliments  arrivent directement dans l’intestin grêle en passant par la minipoche gastrique restante. L’estomac est monté en dérivation avec environ un mètre de duodénum. Notons que cette technique est réversible en cas d’absolue nécessité.

chirurgie bariatrique bypass

Les principes sous-jacents sont les suivants :

  • On mange moins : la personne sent très vite qu’elle a assez mangé et se voit obligée d’opter pour de petits repas fractionnés.
  • On absorbe moins : comme une partie de l’intestin est « court-circuité », des nutriments ne sont pas absorbés.
  • La faim diminue: par diminution de la synthèse de ghréline, hormone de la faim.
  • Manger sucré et/ou gras devient compliqué: la crainte du dumping syndrome (état de malaise général) fait modifier les comportements alimentaires.

La sleeve gastrectomie

Réalisé depuis le début des années 2000, la sleeve gastrectomie ou « gastrectomie en manchon » est en fait une dérivée du bypass.

Les chirurgiens commençaient  par réduire la taille de l’estomac en le transformant en un long tube, pour ensuite effectuer la déviation intestinale du by-pass dans un deuxième temps.
Or, les chirurgiens s’étaient aperçu que cette première étape permettait déjà de perdre du poids, rendant la deuxième étape souvent superflue.

Actuellement, on constate que l’efficacité de la sleeve est proche de celle du bypass, ce qui la rend fortement attractive pour beaucoup. Elle consiste à retirer les 2/3 de l’estomac, et de laisser le patient avec un manchon de grosso-modo 150 ml. Cette opération est irréversible, le restant de l’estomac étant retiré à l’intervention.

chirurgie bariatrique sleeve

Les principes sous-jacents sont les suivants :

  • On mange moins : la personne sent très vite qu’elle a assez mangé et se voit obligée d’opter pour de petits repas fractionnés.
  • La faim diminue: par diminution de la synthèse de ghréline, hormone de la faim produite par l’estomac.

Variantes

Des variantes de ces chirurgies existent, et la science est évidemment en constante évolution  pour proposer des solutions optimales : mini-bypass, dérivation biliopancréatique, plicature gastrique…

Grâce à cette offre, et « grâce » à internet,  les patients sont tentés de faire une sorte de « shopping médical » d’hôpital en hôpital…

Pour qui ?

Aux yeux de beaucoup de monde, la chirurgie bariatrique s’étant « banalisée », il peut être tentant de choisir la solution radicale pour en finir avec les régimes. Ben oui, l’idée de pouvoir enfin manger de tout, sans réfléchir, et que votre corps se charge du reste, c’est sympa…

chirurgie bariatrique indications

Pourtant, la chirurgie de l’obésité doit être réservée exclusivement à des patients souffrant d’obésité morbide. Pourquoi ? Et bien, cette décision repose sur le fondement-même de la chirurgie : préserver la santé !

Car la médecine, c’est bien cela : choisir la solution la plus équilibrée en termes de risques et de bénéfices.

Or, on sait que le risque pour la santé  (cancers, maladies cardio-vasculaires, diabète, hypertension artérielle…) augmente avec des BMI supérieurs à 35-40. Ce sont donc bien ces personnes qui sont concernées.risque obésité

Attention aux dérives

Je ne vais peut-être pas me faire des amis, mais la réalité du terrain me prouve que certains chirurgiens peu scrupuleux proposent la chirurgie  bariatrique pour des fins plus esthétiques que purement médicales. Car ne nous voilons pas la face, la chirurgie cela rapporte. Et le marché de l’amincissement est en plein boom…

Il me semble donc important de rappeler qu’il s’agit de préserver votre santé avant tout.

Soyez donc méfiants si on vous propose de :

  • Grossir de quelques kilos pour « rentrer dans les critères »
  • Mentir en « trichant » sur votre taille ! Oui, j’ai rencontré des patients qu’on avait rétréci sur papier…
  • Déclarer votre poids au plus haut de votre dernière grossesse (c’est du vécu…)

Je ne veux en aucun cas être moralisatrice car je comprends la souffrance de ces personnes. Néanmoins, je pense que tout professionnel doit garder en tout temps son honnêteté et bienveillance dans ses approches, quitte à décevoir ses patients.

 Les critères de remboursement

Alors, parlons sous-sous maintenant. En Belgique, les critères de remboursement de la chirurgie bariatrique par la mutuelle sont assez précis et définis par la loi :

  • Avoir un indice de masse corporelle  supérieur à 40
  • Ou avoir un indice de masse corporelle supérieur à  35 avec comorbidités : diabète, syndrome d’apnée du sommeil, hypertension artérielle ou reprise de chirurgie
  • Etre majeur
  • Avoir bénéficié d’une prise en charge diététique documentée (minimum 1 an) au préalable.

La décision d’opérer résulte d’une concertation multidisciplinaire. Celle-ci comprend chirurgien, endocrinologue, gastro-entérologue, psychologue, diététicien…

Ceci n’est pas toujours facile à comprendre par le patient, qui se voit soumis à toute une batterie de tests, et ne voit pas pourquoi on ne peut pas « juste l’opérer », puisque c’est « ce qu’il veut ». D’ailleurs, il m’est arrivé plus d’une fois qu’un patient me dise clairement « je ne vois pas pourquoi je dois vous voir, mais bon… ».

Pourtant, avec la flambée d’opérations, on peut supposer que des contrôles suivront. Raison de plus pour bien ficeler les dossiers, non ?

Est-ce que ça marche ?

La chirurgie est efficace pour perdre du poids de façon durable, c’est indiscutable.

chirurgie bariatrique avantages

Les études prouvent que les deux types de chirurgie bariatrique engendrent de belles pertes de poids (plus de 50% de l’excès de poids), mais aussi une amélioration de l’état général :

  • Amélioration du diabète
  • Effet sur l’hypertension artérielle
  • Mobilité accrue
  • Image de soi
  • Projets de vie

Néanmoins, cela ne se passe pas comme par magie, comme beaucoup l’espéreraient. Et le risque de reprise de poids est bien réel, surtout à partir de la troisième année.

Qu’est ce que cela implique ?

La chirurgie de l’obésité est un outil précieux pour accélérer une perte de poids. Elle est le dernier espoir quand la diététique ne suffit plus, pour venir à bout d’obésités massives, dangereuses et invalidantes.

Néanmoins, il faut se rendre compte que cela ne reste qu’un outil. A lui seul, il ne suffit pas.

chirurgie bariatrique outils

La prise de poids n’est jamais unifactorielle. Les kilos s’accumulent pour plein de raisons : génétiques, hormonales, environnementales, comportementales, psychologiques…

Or ici, on va agir purement de façon « mécanique », sans s’attaquer au fond de la problématique.

Pour cela, il est essentiel que les patients opérés agissent sur tous les composants « modifiables » de leur prise de poids :

  • Se réconcilier avec la nourriture saine et équilibrée
  • Prendre plaisir à une activité physique régulière
  • Etre à l’écoute de leurs sensations corporelles (faim, satiété, envie…)
  • Apprendre à gérer les émotions qui font manger
  • Maîtriser toute l’organisation liée aux repas : fractionner, anticiper, gérer les stocks alimentaires, « éduquer » les proches…
A chacun de créer sa propre « boîte à outils » pour éliminer ces kilos définitivement

Pourtant, de nombreux patients ne se font absolument pas accompagner après l’intervention, soit par choix personnel, soit par manque de structure accompagnatrice.

Les risques ?

Les deux types de chirurgie ne sont pas dénuées de risques, et il est important que les patients soient pleinement conscients de ce qui les attend.

Dans les deux cas, il y a un risque de fistules. C’est notamment pour cette raison que l’alimentation sera liquide dans les premiers jours post-opératoires. Ce risque diminue par la suite.

Les complications de la sleeve

La complication la plus invalidante de la sleeve est le reflux acide. Les patients doivent prendre des antiacides, parfois sur de longues périodes.

Du fait de la diminution des portions alimentaires, le risque de carences alimentaires est réel et des recommandations en terme de protéines, vitamines, graisses essentielles doivent être suivies.

Les complications du bypass

Le bypass est une opération plus lourde que la sleeve.

Les chirurgiens redoutent la formation d’ulcères, difficilement traitables car l’estomac n’est plus accessible.

De plus, le bypass engendre chez un quart des patients un phénomène appelé « dumping syndrome« . C’est un état de malaise général (chute de tension, palpitations, sueurs, crampes, diarrhées, hypoglycémies tardives…) dues à l’arrivée trop rapides d’aliments sucrés et/ou gras dans l’intestin.

Enfin, comme une partie fondamentale de l’intestin est court-circuité,  des carences alimentaires graves sont inévitables. La dénutrition protéinée est fréquente et doit être combattue par des choix alimentaires riches en protéines, comme le montre la nouvelle pyramide alimentaire post-chirurgie.

chirurgie bariatrique pyramide alimentaire
source BBAHS.net

Les suppléments multivitaminés doivent être pris à vie ! Et il ne s’agit pas de prendre des « bêtes » vitamines en pharmacie ou sur internet ! Il faut vraiment cibler certaines vitamines et minéraux : calcium, fer, Zinc, cuivre, vitamine B12, vitamine D, vitamine A… seront sujets à une surveillance minutieuse.

Avantages de la chirurgie bariatrique

Comme toujours, j’adore énumérer les avantages et inconvénients des solutions d’amaigrissement proposées ! Voyez donc :

  • Rapidité
  • Efficacité
  • Coût (remboursement assez important de la mutuelle. Si vous avez une assurance complémentaire, elle prend en charge le reste)
  • Risque opératoire mesuré (moins de 1% de risque de mortalité)

Inconvénients de la chirurgie bariatrique

Par contre, vous vous en doutiez, il y a aussi certains inconvénients à prendre en compte :

  • Altération de la vie sociale et familiale
  • Carences alimentaires plus ou moins importantes, parfois longtemps après l’intervention
  • Ostéoporose
  • Risque accru d’alcoolisme. Ben oui, votre tolérance à l’alcool diminue dangereusement
  • Dépression, troubles du comportement alimentaire
  • Reprise de poids fréquente en cas de non-respect des consignes hygiéno-diététiques
  • Reflux gastro-oesophagien dans le cas de la Sleeve
  • Dumping Syndrome dans le cas du Bypass

De plus, il faut savoir que ces techniques sont récentes. La communauté scientifique ne dispose pas encore du recul suffisant pour savoir comment seront affectés les gens sur le long terme.

Conclusion

La diététique restrictive présente malheureusement ses limites, surtout quand on sait que la pratique de régimes sévères est une des premières causes de prise de poids.

Pour des personnes ayant tout essayé pour perdre ces maudits kilos (et je ne parle pas de régimes citrons, soupe aux choux… mais de « vrais » régimes), et lorsque ceux-ci mettent réellement leur qualité de vie en danger, la chirurgie bariatrique peut être un outil précieux.

Elle ne doit par contre pas être la seule solution, la baguette magique qui solutionnera tous les problèmes. Un accompagnement  médical, psychologique et diététique est absolument indispensable, et ce sur le long terme.

Enfin, en Belgique, si vous désirez trouver des professionnels de la santé formés en chirurgie bariatrique, n’hésitez pas à consulter le site de la Belgian Bariatric Allied Health Society.

 

Sources :

        • BBAHS.net
        • ULB Hôpital Erasme documents internes

 

3 réflexions sur « FOCUS REGIME : la chirurgie bariatrique »

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